mercredi 28 novembre 2012

Le bon sens instinctif

L'affichage trompeur de la bonne direction



"... distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, le principal est de l'appliquer bien." Descartes. Discours de la méthode.

Le bon sens est inné, c’est-à-dire que, dans toute personne saine, il est comme un sixième sens qui s’ajoute aux cinq autres : la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat, le toucher,
Et le bon sens (Franc-Nohain, Guide du bon sens, Éditions des Portiques, 1932)

Bien appliquer ce sens inné n'est pas la chose la mieux partagée, tout comme les autres sens. Vouloir bien faire n'est pas bien faire, et l'enfer est souvent pavé de bonnes intentions.

Si le bon sens est inégal entre les individus, il l'est aussi entre plusieurs domaines chez un même individu. On peut faire preuve de bon sens dans le bricolage et d'aucun ailleurs. Personnellement, je suis capable de bricoler mais mon bon sens pratique est bien moins développé que chez d'autres. Face à un problème technique, je peux buter facilement et appliquer des solutions trop alambiquées pour être efficace. Une autre personne saisirait aussitôt la meilleure solution et l'appliquerait simplement. L'expérience et l'expertise compensent, mais ma tournure d'esprit n'est pas la bonne. Il y a des personne gauches dans un domaine et géniale dans un autre.
Si on prend le cas de certains autistes, ils font preuve d'un gros handicap compensé parfois par un génie insoupçonné, dans le calcul, la mémorisation, le dessin, etc.



Dessiné juste de mémoire par Stephen Wiltshire.

La logique du bon sens n'est pas la logique tout court. Combien de facteurs pouvons-nous prendre en compte pour concevoir la meilleure solution ? Il y a des évènements que la logique et la raison me poussaient à envisager d'une manière non adaptée. Un bon sens trompeur. Je ne pouvais pas envisager certaines conséquences de mes actes avant qu'ils ne se produisent. Mon instinct me dictait une conduite qui allait à l'encontre de ma raison. De manière rationnelle je ne pouvais accepter d'agir à l'encontre de la logique, du bon sens apparent. Mon instinct ne m'a jamais trompé. Bien que j'avais des reproches à formuler sur la conduite qu'il m'amenait à avoir, les conséquences en étaient les meilleures. A chercher à trop vouloir bien faire, je faisais mal.

Pas trop basique non plus...

L'instinct est votre allié le plus fidèle. Il vous aide à être en harmonie avec votre univers. Le coeur dicte la raison, et l'instinct le bon sens. Il y a une hiérarchie à respecter. Si la raison va à l'encontre de votre instinct, choisissez l'instinct, même si vous ne pouvez pas savoir pourquoi. La raison peut vous faire sentir coupable, mais quand l'affaire se résout, réfléchissez à comment se seraient passés les choses si vous n'aviez pas écouté votre instinct. Vous aurez parfois des éléments de réponse, mais pas toujours. Avec le recul, je sais que des évènements se sont déroulés avec des impondérables impossibles à imaginer. Mon instinct le savait, mais pas ma raison.

Notre instinct est en relation directe avec un savoir inné, dans un espace quantique où le champ des probabilités est inconcevable pour notre raison. J'utilise même mon instinct pour des estimations chiffrées. Il est plus précis et efficace qu'une raison réfléchie et limitée. Les artistes utilisent leur instinct pour sentir s'ils vont dans la bonne direction dans leur travail. Ils perdent leur raison pour se laisser guider par leur instinct. Apprendre à concilier les deux est important. Quand j'écris quelque chose, j'ai une vague idée d'amorce, j'y réfléchis et je m'imprègne du sujet. Lors de la rédaction, la raison n'est qu'un support qui doit se laisser guider par l'instinct. Cela s'apparente à l'esquisse d'une oeuvre d'art. Cela ne ressemble pas à grand chose et la raison peut nous souffler que ça ne rime à rien. En persévérant et en la faisant taire, une logique plus vaste et cohérente se dévoile au fur et à mesure, une logique hors de portée de notre raison. Notre vie est une oeuvre en devenir, on ne comprend pas bien à quoi ça rime, mais si on laisse notre instinct s'exprimer, on peut saisir une vue d'ensemble avec un dessein logique qui nous a amené à être ce qu'on est.

Le bon sens logique est insuffisant en soi. On impute souvent un raté à l'imprévu du hasard. Et un raté n'a pas toujours le sens qu'on lui prête. Un mal pour un bien. Votre voiture fait du bruit, quelle malchance ! Le garagiste vous annonce alors que vous avez bien fait de passer, car ce petit désagrément en cachait un autre plus important et invisible qui aurait pu vous coûter la vie, comme une roue baladeuse. Parfois, l'insistance à régler un problème d'une manière est la source des maux qui suivent, parce que nous résistons à agir de la bonne manière. Un bon sens qui découle de notre état d'esprit.

De quelle manière ? Notre état d'esprit n'est pas toujours en adéquation avec notre nature et l'univers dans lequel elle évolue. Il faut le réaccorder, le mettre sur la bonne fréquence, le synchroniser. Une fausse note est un faux pas, elle est un obstacle à l'harmonie qui ne doit pas en entraîner d'autres. On a droit à l'erreur, elle nous enseigne à ne pas la reproduire.

A nous de trouver le rythme qui convient dans un monde de synergies. Regardons la circulation automobile. Dans cette danse à haute vitesse, chacun adapte son style pour éviter les fausses notes et s'intégrer au flux général. La danse est improvisée, selon des codes précis que l'on respecte plus ou moins selon d'autres codes implicites, que sont la courtoisie et le pragmatisme, par exemple.
Dans mon cas, j'ai pu constater l'intérêt d'un bon état d'esprit dans le cadre de trajets réguliers en milieu urbain au trafic dense. Comment s'intégrer au mieux dans un flux aussi chaotique que celui d'une ville comme Marseille ?
En alliant bon sens logique et instinctif avec un état d'esprit clair, j'ai réussi une fois à traverser la ville sans freiner ni prendre un seul feu rouge. Un drôle de miracle malgré certains feux désynchronisés. Au contraire, avec un état d'esprit négatif, je me suis vu infliger nombre d'arrêts inhabituels, malgré un bon sens logique non altéré. Une danse évoluée demande une expertise mais elle ne suffit pas à sa bonne exécution.

Attention à l'embolie

La danse de la vie requiert cet instinct, dont l'expertise du bon sens logique n'est qu'un préalable. Nous avons beaucoup de choix à faire dans la vie, et nous manquons souvent d'informations pour nous aider du seul bon sens. Prendre à gauche ou à droite ? Choisir une direction, quelle qu'elle soit. Et pourtant une direction nous est plus destinée que l'autre. Inutile de donner du sens ou de l'importance à chaque chose. Mais certaines en ont davantage. Quand on décide de danser, on essaie de bien le faire. Quand on décide de donner du sens à quelque chose, on essaie de lui donner le bon. Le bon ? Le plus adapté, oui.

Nous avons tous commis des actes dénués de bon sens. De bon sens logique, pas instinctif. Sauf dans un saut en parachute, où la logique nous rappelle tout de même que l'on a un parachute.
J'ai eu un accident d'automobile dont la conclusion tient du miracle. Me prenant pour Sébastien Loeb, j'arpentais une route montagneuse à fond les ballons. En confiance, j'entamais la dernière ligne droite lorsque j'eus un sentiment d'avertissement. Mon bon sens logique me disait que j'avais grave assuré et qu'il n'était pas nécessaire de ralentir avant la fin. Mal m'en a pris. Perte d'adhérence dans un virage vicieux, saut millimétré entre deux arbres, plongeon dans un ravin à pic, et blocage d'une roue dans un arbrisseau salvateur.
On ne parle plus de bon sens, mais de logique et d'instinct. La raison instinctive du coeur ne nous fait jamais défaut, contrairement à la seule raison.
Si on ne devait mener notre vie qu'à la seule lumière d'une raison froidement intellectuelle, on perdrait bien vite la raison.

Un bon sens tricolore qui doit dépasser la seule logique

Une société qui ne se gouverne que par le bon sens logique est appelée à s'écrouler. A légiférer pour tout et n'importe quoi nous perdons notre âme et notre capacité à juger notre propre vie. Les lois sont des arrangements logiques, soi-disant de bon sens, mais leur application laisse souvent à désirer. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", cela s'applique aussi à tout domaine d'expertise. La raison n'est pas conscience.

‎"Le cerveau intuitif est un don sacré et le cerveau rationnel est un serviteur sur lequel on peut compter. Nous avons créé une société dans laquelle nous honorons le serviteur et oublions le don."
Albert Einstein

"La raison est généralement considérée comme une faculté propre de l'esprit humain dont la mise en œuvre lui permet de fixer des critères de vérité et d'erreur, de discerner le bien et le mal."

Raison et bon sens sont confondus. Avoir raison et faire preuve de bon sens. Même si j'ai raison, mon instinct peut me prévenir que cela ne suffit pas.

Notre monde n'est pas dirigé dans la bonne direction. Nos dirigeants sont indignes de leur humanité. La raison me dicte de réagir, mais je n'arrive pas à envisager la juste démarche dans l'action radicale.
La force de l'esprit est-elle suffisante en attendant de passer à l'action ? Nous sommes déjà en action, en transformation.

Prenons l'exemple du centième singe :


"Sois le changement que tu veux voir dans le monde." Gandhi

Le changement de quelques-uns peut tout changer. Il y a un réseau d'échanges invisibles entre nous. Regardez les grands inventeurs de la science. De formidables découvertes se faisaient conjointement entre plusieurs personnes qui, souvent, ne se connaissaient pas.

« J’en étais presque à la moitié de mon travail, écrit Darwin à propos de sa théorie de l’évolution des nouvelles espèces. Mais mes plans furent bouleversés, car au début de l’été 1858, Mr Wallace, qui se trouvait alors dans l’archipel malais, m’envoya une étude (qui) contenait exactement la même théorie que la mienne. »

Dans mon cas, je retrouvais des termes et des sujets particuliers que je traitais dans des nouvelles d'autres sites. Personne ne m'avait lu et pourtant nous étions connectés au même moment à la même source.

Chacun à notre niveau, nous participons au changement global.

Le bon sens, "... distinguer le vrai d'avec le faux" écrivait Descartes. La vérité. Nous avons cette vérité en nous, tout comme nous avons un coeur. Il suffit d'écouter les vibrations que suscitent les chemins de la vérité.

Les politiques jouent avec des relents de vérité, mais ce ne sont que des mirages destinés à nous perdre. Sarkozy avait bien su faire lors de sa campagne, alors que nous connaissions le personnage. Il avait réussi à surprendre avec ses propos, à susciter des idéaux et des aspirations, comme tout bon politique. A faire oublier le personnage derrière ses belles paroles. Nous avions la vérité sur son visage, mais ses paroles imitaient le chien de berger responsable. Dans cette boulimie de bon sens hypocrite, combien aurait invité le coyote séducteur à manger chez eux ? Quel politique aimerions-nous inviter chez soi sous un déguisement grotesque de vérité ? Avec qui partagerions-nous notre nourriture ? La table a déjà été dressée et on nous a servi du flan sous le regard amusé du coyote repu. L'élection d'Hollande a suscité beaucoup d'espoir chez de jeunes humanistes. Cet espoir est légitime, comme la foi l'est en tout instant. Attention aux mauvaises idoles. Le changement c'est maintenant, chez chacun de nous.

La nature aux mains des prédateurs

Ne laissons pas les médias et les politiques récupérer la vérité à leur compte. Le véritable bon sens est une évidence du coeur. Elle est partagée comme une preuve d'amour qui se suffit à elle-même. Le vrai n'a pas à se justifier, il s'impose. Il ne se comprend pas, il se sait. Nous savons, et nous le faisons savoir.


La Liberté armée du sceptre de la Raison  foudroie le fanatisme et l'ignorance - gravure allégorique de Boizot et Chapuis


A nous de saisir cette raison dont on nous dépossède et qu'on nous inflige au nom d'une liberté qui n'est pas la nôtre.

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