vendredi 5 avril 2013

Vers un autre Ordre Mondial


Échouage en terre inconnue.

Beaucoup parmi nous désirent un changement radical. Le changement est là, progressif, rapide. Oubliez les dates, les prévisions comptables. Le système vacille. Différents rouages le tiennent encore en équilibre précaire. Par petites touches, on ôte les sécurités qui le maintiennent afin qu'une simple chiquenaude suffise à provoquer sa chute au moment désiré. De loin, on le voit encore fièrement dressé au-dessus du vide. De près, il y a de quoi s'inquiéter.

On fait des paris. Quelle corde va lâcher prochainement ? Laquelle fera perdre son équilibre à l'ensemble ? Un vrai mikado géant.

Le changement, c'est maintenant. Chez chacun de nous. Quel seuil de lâcher-prise général est nécessaire ? Aucune idée. On tient vaguement les cordes, par principe, par habitude, par crainte. On ne sait pas quoi faire d'autre. On regarde ses voisins. Quelques uns lâchent sans résultat probant, d'autres s'agrippent comme si leur vie en dépendait. C'est exact, d'une certaine manière, mais est-ce la meilleure manière ?

Nous sommes sur le même bateau. Le capitaine a abandonné le navire depuis la dernière escale avant la tempête. Un esclavagiste qui se faisait passer pour un humaniste défenseur de la veuve et de l'orphelin. Il les a vendus ces deux-là, discrètement quand l'occasion s'est présentée. Pour le moment, ça va, on flotte, entre deux eaux. On brique le pont, on regarde les voiles se gonfler sous l'effet de la tempête à venir. Le gouvernail est bloqué, pas moyen de faire demi-tour. On se demande si la tempête va s'évanouir comme un mauvais rêve, mais elle grossit à vue d'oeil.

On dérive à la faveur des vents. L'océan est agité. La houle enfle. Toute cette eau. La profondeur est obscure, insondable. Les humeurs créent le courant qui nous emporte.

Quel impact avons-nous sur les éléments ? Il ne reste qu'à prier en attendant. Certains tentent de redresser en vain le gouvernail. Ils s'épuisent et risquent de le casser. De toute façon, en l'état il est inutilisable. D'autres ont plongé pour l'examiner sous l'eau. On les a perdus de vue. D'autres observent et réfléchissent à ce qui le bloque. D'autres font comme si de rien n'était. D'autres préfèrent s'enivrer. Le capitaine avait peut-être prévu le coup, et l'a lui-même saboté. Mais pourquoi ? Pourquoi perdre son navire et sacrifier son équipage ? Certains l'ont vu discuter avec des inconnus louches. Il aurait été payé pour ça. C'est un esclavagiste après tout, pas un enfant de coeur. Certains rêvent de liberté. S'ils survivent à la tempête, le bateau serait à eux.

Drôle d'histoire. On ne sait pas comment elle finit. Il faut déjà la vivre pour la raconter. Les gouttes se rejoignent en un fleuve qui se jette dans l'océan. Les sources doivent jaillir pour alimenter le fleuve. Les eaux endormies doivent se réveiller. La pureté des sentiments doit inonder la terre salie.

Pensez à la mémoire de l'eau. Sa cristallisation montre l'importance des sentiments dont on la charge. Si nous voulons un monde meilleur, il faut penser à un monde plus beau. Il faut harmoniser ces sentiments en une force générale qui cristallisera nos aspirations. Les religions utilisent ces principes, leurs prières et leurs symboles manifestent leur pouvoir, les grandes civilisations se sont appuyées sur elles.

Aujourd'hui, il faut centrer nos intentions en une nouvelle force. Il faut formuler nos voeux, accorder nos violons et entonner une ode parlant d'un avenir commun. Pour le moment nous sommes encore divisés, entraînés par les torrents tumultueux de nos passions respectives. Nous nous chargeons d'une vigueur personnelle qu'il faut à présent mêler à un flux plus grand, plus fort.

Chacun d'entre nous a cette force en lui. Quelle intention la guidera ? Quel courage ? Quelle détermination ? Nous sommes faits d'eau, nos corps l'orientent, nos gènes la composent en un être conscient et libre. Il ne tient qu'à nous de saisir cette liberté, le poing levé envers et contre tout ! Notre corps n'attend qu'un geste, qu'une intention. Exprimons-nous ensemble pour porter une voix au-delà du désordre et du tumulte. Le fleuve rejoindra l'océan, d'une manière ou d'une autre, quelques soient les obstacles. L'océan ne nous engloutira pas, nous nous y jetterons et le purifierons !

Nos enfants s'abreuveront à une source pure, une source qui leur donnera force et vigueur pour construire un avenir qui ait du sens, le leur ! Et pas celui de qui que ce soit d'autre, qui ne verrait chez eux qu'une gène ou une marchandise. Le fruit de nos entrailles se répandra sur une terre, en harmonie avec les forces qui la régisse. Nous leur lèguerons les moyens dont on nous a dépossédés. Conscients et responsables, ils marcheront vers de nouveaux horizons, libres et confiants !

 Qu'un cœur céleste inonde les vertes prairies de nos espoirs !