lundi 29 septembre 2014

Conversation avec son imaginaire - 1/ L'amazone

En cette phase de transition troublée, il est temps d'invoquer des mémoires transcendant le temps et l'espace.

Projetons-nous dans l'espace infini.

Pour cela, je vais m'inspirer du triptyque "Conversations avec Dieu" de Neale Donald Walsch. Il s'agit d'une conversation imaginaire entre l'auteur et Dieu, sous forme de questions-réponses.

Je vais faire appel aux personnages qui ont inspiré mon roman, des personnages venus d'une imagination lointaine, ancestrale. Leurs aventures m'ont notamment suggéré l'article "Synchronicité abyssale". Les recherches modernes tendent à prouver que la notion d'espace-temps est relative, avec des perspectives quantiques vertigineuses. Si mes personnages imaginés sont les traces d'un passé antédiluvien, ils vivent donc encore dans des dimensions qu'il suffit d'entrouvrir.
Le thème de la conversation seront les tensions qui s'accumulent et devront se libérer. Les nations vibrent à l'unisson avec la Terre qui gronde et implose avec ses séismes et ses éruptions.

Imaginez et vous verrez, tel un visage qui se dessine dans les contours d'un nuage errant, ou dans l'ébauche d'un dessin.

A quel personnage s'adresser en premier lieu ? Mon roman s’entrouvre sur l'amazone.
Elle exprime un ressentiment millénaire, la froide colère d'une femme qui se bat contre un monde qui cherche à lui ôter sa liberté. Sa volonté est forte, puissante, guerrière, prête à trancher dans le vif ce qui lui fait obstacle. Sa féminité est devenue sauvage, indomptable, imprévisible. Elle est une bête sans nom, à l'intelligence animale. Elle trône dans son repaire, cachée des indésirables. Une proie ose importuner son intimité. Elle me fixe, hautaine, silencieuse, assise en travers de son trône ténébreux. J'entame la conversation.

Cowa (C) : Bonjour.

Amazone (A) : Ta place n'est pas ici. Du moins, pas encore. Tu n'es pas prêt.

C : Prêt à quoi ?

A : Mauvaise question. Ce que tu cherches n'est pas à la portée de ta conscience actuelle.

C : Soit. Quel message as-tu à délivrer aux hommes de mon époque ?

A : La force qui m'habite s'est cristallisée dans mon exil. Ma colère s'est réfugiée dans cette cache qui fait office de jardin secret. J'attends le jour où le monde tremblera suffisamment pour l'atteindre, et me pousser à en sortir en quête d'ailleurs. Cette force demandera à être apprivoisée dans le nouveau monde qui se dévoilera. Ce que je vis est valable pour ton époque. Vous vous déterminez à vivre plus libres que vous ne l'avez jamais été, mais cela demandera d'abandonner vos chaînes domestiques, de vous confronter à vos peurs les plus profondes, à accepter votre véritable nature, sans faux semblant ni artifice inutile. Il faudra apprendre à utiliser vos griffes et vous fier à votre instinct. Les cages s'ouvrent pour le meilleur et pour le pire. A vous d'ajuster vos gestes dans la direction qui vous semble la plus appropriée. 
Apprenez à user des armes dont la nature vous a dotées. Les seules lois humaines que je respecte sont les miennes. J'ai choisi ma justice, et n'en subis aucune autre. Je me suis battue pour conquérir ma liberté, et continue à me battre. Préférez-vous ressembler à des chiens et des chats, ou à des loups et des lions ? Je suis née dans un monde aliénant, et m'en suis échappée. Il n'y a pas de coût assez élevé pour se donner le droit d'exister.
Quel est le choix quand on ne veut ni mourir, ni se soumettre ? Je ne suis brutale et sauvage qu'à l'égard de mes ennemis. Tu peux agir comme si tu n'avais pas d'ennemi, mais ne t'étonne pas de la lance qui se plantera dans ton dos. La résistance ne suffit pas toujours. Il faut savoir partir en guerre pour vivre et protéger son espace vital. C'est la férocité du lion qui tient à l'écart ses ennemis potentiels. Il tue et rugit sur son territoire, selon son gré. As-tu un territoire ?

C : Non. La terre où je suis né ne m'appartient pas, et mon espace de vie se résume à un logement étriqué.

A : Le lion est-il libre dans sa cage ?

C : Nous avons un espace public.

A : Es-tu un oiseau qui vit sur sa branche ?

C : En quelque sorte, mais sans les ailes.

A : Es-tu un rat ?

C : Non.

A : Sais-tu ce que tu es ? Tu n'es même pas un ruminant vivant en troupeaux migratoires, tu vis parmi le bétail d'une ferme où l'existence n'a de sens que dans une production dont l'utilité ne t'appartient plus. Tu donnes ta liberté en échange d'une sécurité relative. Ton berger t'est-il supérieur au point de lui accorder ta vie ? Connais-tu seulement ton berger ? Tu connais ta cage et ceux qui la partagent, tu connais ce qu'on te donne en pâture, mais tu ne sais même pas quel avenir on te réserve. Peut-être es-tu une monture, prête à porter ses maîtres selon leur bon vouloir, ou un chien de guerre prêt à mordre et se sacrifier sur ordres de ses maîtres. Peut-être es-tu un animal de compagnie châtré et docile. Tu as le choix, apparemment. Tu peux tenter d'escalader l'échelle sociale, pour faire partie des petits maîtres, ou tu peux tenter de t'exiler comme je l'ai fait moi-même.
L'Histoire est un éternel recommencement. Ma propre histoire semble révolue, et pourtant elle resurgit au gré des marées. J'ai disparu dans les méandres du temps, mais ma mémoire reste vivace. Je suis une amazone, je suis la liberté à l'excès. Je suis née femme dans un monde dominé par les hommes, et j'ai repris le pouvoir exclusif sur mon existence. Mon rejet a entraîné mon exil et mon isolement, mes choix ont transformé mon existence. Ils me sont propres, à moi et mon époque.
Les fondations de vos fermes sont en train de trembler. Vous aurez des choix à faire. Aucun d'eux ne pourra être parfait, mais il faudra les faire sans peur ni regret. Après être nés en captivité, il faudra conquérir votre liberté, il faudra la défendre et la revendiquer jusqu'à votre dernier souffle !


Est-ce l'heure de ruer dans les brancards ?

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