samedi 5 mai 2012

Incompréhension

Comprendre ou ne pas comprendre.
Soit on ne veut pas comprendre, soit on cherche à ne comprendre que ce qui arrangerait notre ego.

Notre vie est une oeuvre d'art. Doit-on comprendre quelque chose de précis à une oeuvre d'art ? On y voit un écho à notre sensibilité. On peut saisir une impression indéfinissable que notre conscience ne comprend pas. L'âme comprend ce que notre conscience n'appréhende pas. Au lieu de cibler notre impression on cible notre incompréhension. On se bloque sur ce qui nous échappe. L'important est de définir le compréhensible, de suivre la piste des détails évidents, plutôt que de conserver un regard lointain sur un ensemble incompréhensible. En touchant du doigt une partie du problème on ébranle l'ensemble de la problématique, comme si on touchait l'accélérateur d'un moteur.

Le visible et l'invisible.

La vision d'ensemble d'un moteur sans regarder en détail chaque partie mécanique et leurs relations est curieuse. On voit l'effet de propulsion de la machine mais on ne comprend pas sa bonne mise en marche. Si personne ne nous dit qu'il faut de l'essence, on laisserait de côté le moteur en le considérant inutile. Un moteur n'est utile que lorsqu'on le met en route, et qu'on peut l'entretenir à cette fin. Il est alors nécessaire de comprendre son fonctionnement, de poser les bonnes questions au bon endroit. Avec quelques informations on peut se satisfaire de raccourcis de compréhension lacunaire. Inutile de comprendre en détail notre corps humain pour le faire marcher. Pourtant l'entité du corps a conscience de sa mécanique. La proprioception naturelle permet un équilibre biologique nécessaire et suffisant. La plupart de nos maux psychosomatiques est liée à l'incompréhension de notre conscience, telle une électronique défaillante qui ferait barrage à la bonne marche de la mécanique.

On m'a souvent dit "Je ne te comprends pas" au moment où il y avait un problème. L'incompréhension devenait une arme efficace et aiguisée, un mur sécurisant entre deux mondes, le compréhensible familier et l'incompréhensible rejeté à l'extérieur. Avant qu'un problème se pose dans la relation (conflits d'intérêts, mécanismes de défense ou autre) on ne pose pas vraiment de questions, on accepte l'autre tel qu'il est, on vit avec, la confiance suffisant à combler une compréhension consciente lacunaire d'autrui.


Je t'aime moi non plus.

La conscience est un état limité et bridé, volontaire. Un gouvernement pseudo-démocratique qui écoute le corps mais n'en fait qu'à sa tête. La conscience organise et dirige. Des fois, sous prétexte de protéger son pays, elle devient totalitaire, se met à tout légiférer et tout contrôler. La tentation de pouvoir tout contrôler est grande. Elle n'écoute plus le peuple, ne comprend plus ses moeurs archaïques et sauvages, et ses objectifs perdent de vue le bien du peuple. Le peuple se met à souffrir du contrôle qui ne va pas dans son sens et se soulève de façon crescendo dans tous les secteurs, jusqu'à ce que le gouvernement cède. Si chacun s'entête l'anarchie s'installe. Si le peuple cède le gouvernement continuera à agir jusqu'au désastre. Il sera satisfait de sa démarche devant un pays moribond et malade.
L'anarchie est une lutte désorganisée, auto-destructrice, qui aboutira tôt ou tard à une réorganisation. L'anarchie permet la redistribution des cartes mais attention aux tirages.

Une nation dans la nation, préservée de l'extérieur.

Seule la conscience a un véritable pouvoir d'action. En cas de problème elle doit entendre l'inconscient collectif et agir en conséquence, avec honnêteté, diligence et efficacité. La conscience n'est que le produit réduit de l'inconscient. Le chef d'une armée n'est pas l'armée. Seul il est faible, mais il a le pouvoir de se faire entendre de tous, de rallier tous les bataillons, de mener une action unie qui surpasse le potentiel de chaque individualité. Le chef n'est ni parfait, ni infaillible, mais il a la confiance de son armée.
Un chef sourd aux appels de ses hommes, aux actes égocentriques ou trop timorés, est un chef qui mène son armée à sa perte.
Un chef d'orchestre qui n'est pas à l'écoute de son orchestre le mène à sa perte.
La confiance doit être mutuelle et réciproque. Diriger quelque chose que l'on n'aime pas, que l'on dénigre ou ignore est une gageure.
La confiance est rompue lorsque l'on nous fait du mal par les actes ou la pensée. Pourquoi nous fais-tu du mal ? Faire du mal est un acte incompréhensible qui demande séparation, au nom de la sauvegarde de son intégrité.

La séparation est alors inévitable. Séparer le compréhensible et l'incompréhensible. Séparer l'inconscient et le conscient. Le méchant dans l'histoire est le conscient, sourd et borné. Il se ment à lui-même et trompe les autres. Il reproche à l'inconscient sa liberté, l'emprisonne avec ses "bonnes" intentions. Hélas, l'inconscient reste libre dans son monde, et la conscience se rassure séparée de lui dans sa petite cellule sous contrôle. L'inconscient lui envoie des rêves qui sont retournés à l'expéditeur. On ne raisonne pas un fou, on lui tend la main et on attend qu'il ouvre les yeux et les bras.



Si on se met à douter de l'autre on engage un processus d'incompréhension, puis de séparation.
Si on se met à douter de soi on engage un processus d'incompréhension, mais la séparation n'est pas possible. Il va falloir comprendre, se faire confiance, s'aimer. Faire semblant que tout va bien ne mène qu'au chaos, à la destruction, la maladie, et aux ruptures explosives.

Notre monde devient une folie collective, avec chacun nos petites cellules.

Un malaise général gagne notre conscience aveugle. On transforme nos douleurs en plaisir, on s'en délecte, on la partage, on l'idolâtre en normalité monstrueuse. Chacun tient ses positions sous l'orage menaçant qui va frapper à nos portes. La crise incompréhensible n'est que le fruit de nos illusions sectaires. Le monde se rappelle à nous en appuyant sur l'origine de nos douleurs. Nous n'existons pas pour gagner de l'argent. Par contre, l'argent existe pour nous gagner, nous mettre en esclavage de nos propres illusions. L'argent n'est plus un moyen, il est devenu un but. Avoir de l'argent permet de nourrir ses illusions, de tout contrôler, d'aménager sa sécurité et sa prison. L'illusion dévore notre monde.

Quand tout ne devient qu'argent.

Nous n'aimons plus notre monde, nous n'avons plus confiance en lui, nous ne le comprenons plus, nous nous en séparons. S'en séparer c'est nous tuer.

Il est important de nous aimer à nouveau, de nous faire confiance, de nous comprendre, soi-même et les autres, avec franchise et discernement.

L'illusion prend forme et se dessine elle-même.

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